FOCUS : BEYROUTH OU LA PATIENCE DE LA PIERRE

Le 4 aout dernier, une terrible explosion de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, entreposées illégalement depuis des décennies dans un hangar du port de Beyrouth, a fait, en quelques secondes, plus de 6000 victimes, morts, blessés ou disparus et a dévasté les quartiers alentours et leur prestigieux patrimoine architectural.
Patrimoine architectural marqué par le temps, la société et les hommes. Certains le chérissant, d’autres le malmenant. Ces quartiers populaires et culturels, imprégnés par l’âme des hommes qui les ont façonnés et y ont vécu, ont subi, encore une fois la sauvagerie destructrice et aveugle de la bêtise humaine en cette extraordinairement puissante déflagration. Des quartiers entiers sont lourdement endommagés, défigurés, méconnaissables. Près de 700 de ces belles demeures aux trois arceaux, typiques de l’architecture libanaise, sont structurellement ébranlées, leurs toitures en tuiles arrachées, leurs façades éventrées. Certaines ont entièrement disparu. Les vieilles pierres, les baies, les vérandas à arcs brisées, les colonnettes des liwans ouverts, jonchent les chaussées où le sang témoigne de la souffrance de milliers de blessés.
Dès le lendemain de la catastrophe, les survivants, riverains ou simple beyrouthins, séchant leurs larmes devant ce spectacle de fins des temps, choisissaient encore une fois de se battre contre l’adversité.
Avec courage, malgré la désolation, l’amertume et la révolte, malgré une crise économique sans précédent dans l’histoire du Liban, ils allaient reconstruire leurs maisons, occuper leurs foyers, ramener la vie et l’espoir. Ces vieilles pierres, chargées d’histoires, seront reconstruites un jour, et elles porteront, comme toujours et à jamais, les séquelles de la catastrophe.

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